el salvadore


Le Salvador? A vrai dire, on n'en savait pas grand chose et on a failli faire l'impasse dessus: pas de guide touristique, trop dangereux ...

Si on avait écouté les personnes que nous avons croisées, on n'aurait pas approché la frontière à moins de 500 kilomètres.
En Amérique Centrale, comme ailleurs, l'herbe n'est jamais plus verte ailleurs. Au Panama, nous devions être prudents au Costa Rica; au Costa Rica, il fallait prendre garde au Nicaragua; au Nicaragua, il fallait se méfier du Honduras, Alors le Salvador n'en parlons pas.
En toute objectivité, qu'est-ce qu'un pays plus petit que la Belgique (21000 km2) pourrait nous apporter? Le Guatemala , tout proche de Copan (15 kms) semblait plus prometteur ....et jusqu'à la dernière minute, on a tergiversé mais El Padre y croyait et , vu que c'est lui qui conduit... la familia a suivi.
Et depuis , chaque rencontre : du douanier à la boulangère en passant par le policier, la marchande de légumes, le garagiste, le cireur de chaussures, nous ont donné raison d'y être venus.
Comme si tout le monde avait pour but de nous empêcher d'aller voir plus loin.
Notre première halte : La Palma, petit village proche de la frontière qui vit de l'artisanat.

 

Les couleurs pastel envahissent l'intérieur comme l'extérieur des maisons.
Quantités de petits objets attirent l'attention des niños qui sont ravis de pouvoir toucher à tout.
Les ruelles bordées de hauts trottoirs leur offrent également un beau terrain de jeux: ils montent et descendent inlassablement les escaliers donnant sur ces hautes estrades,de quoi nous donner le tournis.
Un vent soutenu frappe les parois du pipingcar et nous pousse à aller voir plus loin MAIS une petite pipingstrophe nous cloue sur place : notre escalier électrique reste bloqué en position baissée.
On essaie de prendre les choses en mains , je sors le manuel d'utilisation pendant qu'El Padre va tâter du caillou sous la carrosserie.
LA solution est toute trouvée: mon manuel stipule qu'il est possible de remonter l'escalier manuellement et pour ce faire, il suffit de " séparer la bielle du raccordement, entre l'arbre moteur et le renvoi, de fermer l'escalier et tourner le pivot en U jusqu'à ce que le côté qui tourne s'enfile dans le trou à côté du mécanisme".
Ils auraient tout aussi bien pu ne rien stipuler car la bielle du raccordement n'évoque rien de bon pour el Padre.
On envisage le pire, démonter l'escalier à coups de marteau , transformer notre pipingcar en caravne résidentielle et se reconvertir dans l'artisanat local mais contre toute attente, el PAdre , l'homme aux deux mains gauches qui, aujourd'hui, sont pleines de cambouis, parvient à remonter l'escalier et à le bloquer en position fermée.
Le plaisir et la satisfaction sont vite oubliés car nous découvrons rapidement une autre pipingstrophe : notre batterie semble ne plus se charger correctement.
Notre destin semble prendre des couleurs bien sombres!!
Nous étions prêts à accepter de nous passer de notre escalier mais envisager la vie sans électricité , c'est tout simplement impossible.
Pour sûr, cela signifierait la fin du voyage car sans électricité, pas d'eau, pas de frigo, pas d'ordi et plus de sourires!!!
C'est donc dans une ambiance quelque peu morose que nous prenons la direction de Suchitoto, petite ville coloniale située à 30 km de La Palma.
Une église blanche immaculée surplombe le Parque Central, le marché couvert regorge de fruits et légumes , une atmosphère paisible plane autour de nous.

 




Malgré les atouts de Suchitoto, nous partons à la recherche d'un garagiste susceptible de pouvoir nous aider . On aurait pu tomber sur un charlatan mais on a trouvé Francisco , le nouveau mentor d'el Padre
Ce petit garagiste de village , dépêché dans notre camping car à la tombée de la nuit, nous a étonnés par sa gentillesse , sa pugnacité, ses compétences et son acharnement car , après deux heures de recherches méthodiques, il a non seulement trouvé la panne inhérente à notre batterie mais a aussi réparé notre escalier qui peut, à nouveau, être qualifié d'électrique et d'escamotable.
Ce travail en heures sup nous a été facturé 5 dollars, sûrement inconscient, qu'il venait de sauver nos envies inassouvies d'aventures.
Nous doublerons son cachet et le remercierons vivement.
Le Salvador nous semble prometteur dès notre arrivée et ce, malgré nos petits problèmes techniques, l'effet anti-dépresseur des sourires Salvadoriens est des plus efficaces sur notre moral.
Nous prendrons ensuite ladirection du centro turistico de Suchitoto, et là, c'est la révélation pour nos niños, ils sont devenus accros à l'eau chlorée des deux piscines mises à notre disposition (il n'y avait personne à part nous).
D'une croquette barbotante nous sommes passés à une nageuse expérimentée et d'un asticot frileux à un petit planchiste souriant. Nous misions sur le petit fond, ils ont décidé grand fond pour notre plus grand plaisir.
Triste de constater qu'ils n'ont plus besoin de nous, nous sommes consolés par l'asticot qui nous suggère d'agrandir la famille....

Nous y restons trois jours, trop contents de voir les nouvelles prouesses de nos arsouilles.

NOus poursuivrons notre route à Cinquera, village qui a été entièrement dévasté lors de la guerilla (1980 à 1992).
Nous partons à la rencontre de Rafael et de son bosque (bois) qui ,jadis, lui a sauvé la vie et qu'il protège aujourd'hui. Nous foulons les chemins empruntés par les compañeros imaginant la vie qu'ils ont mené ici, pendant ces douze années. Nous apprenons la vie d'avant, les terres appartenant à de rares propriétaires souverains, les paysans travaillant six jours semaine pour le seul droit de cultiver une parcelle de terre le dimanche afin de nourrir leur famille. Nous apprenons le soulèvement des compañeros, les combats inégaux avec la Guardia Nacional, le désertion des campagnes pour les grandes villes, les horreurs et les tortures subies par la population civile, le mode de vie des révolutionnaires réfugiés dans le Bosque. Nous apprenons les changemenst de campement tous les trois jours, les hôpitaux de fortune avec leur table chirurgicale bancale cachées sous les arbres, les foyers des cuisines enfouis sous la terre. Les niños, eux, grimpent inlassablement et nous étonnent par leur nouvelle dextérité, ils bipédisent à merveille.

Nous terminerons notre périple salvadorien au Pacifique!!Ca faisait longtemps, arrivée de nuit, après moultes manoeuvres, nous posons enfin nos nattes sous les arbres.



Réveil aux sons des vagues déferlantes, petite promenade en bord de littoral, la plage ne nous inspirant pas et une envie irrésistible de farnienter en bord de piscine pour nous et de plouffer pour les niños nous fait déguerpir.



Douce erreur, notre recherche de bivouac avec un grand B sera vaine et nous atterrissons dans un parking sordide au voisinage bruyant, une véritable coq-ophonie.
Le seul plaisir de la journée fut la visite appétissante d'un supermarché (n'en ayant pas croisé depuis longtemps, ce fut un régal).
Notre décision est prise, nous irons au Guatemala dès le lendemain.
Réveillés... par les coqs, nous plions bagage et nous nous lançons à la recherche d'un magasin d'électronique : notre transformateur 12v-220 v ayant rendu l'âme. Trois magasins plus tard , l'introuvable se trouve entre nos mains. Tout est donc réuni pour notre grande arrivée au Guatemala