nicaragua







Ce pays nous a laissé entrevoir ses plus beaux atouts, nous a littéralement époustoufflés par ses divers attraits. El Padre m’en parlait déjà en Belgique, il y voyait déjà sa future maison. Rien n'a démenti ses espoirs, tellement ce pays restera à jamais gravé dans notre cœur.

Passés la frontière le séparant du Costa Rica, c’est un panorama epoustouflant qui nous acceuille, le lago Nicaragua et ses deux volcans dont un est le cône parfait. Ometepe nous tend ses bras, nous lui tournons pourtant le dos pour quelques jours avant d’y revenir.


Direction San Juan Del Sur, le Pacifique, station balnéaire aux couchers de soleil mémorables, mojitos et balade dans les ruelles colorées de la ciudad. Nous poussons un peu plus loin notre découverte vers playa del Coco, coin de paradis, partie de pêche pour El Padre et etonnnement de notre petite famille face aux premiers pas d’une petite tortue se dirigeant vers la mer. A notre retour,on recroise nos Baleines, famille de voyageurs français que nous croisons régulièrement depuis Panama, notre boîte à outils personnelle. C’est que les déboires mécaniques nous poursuivent, c’est la pompe à eau qui joue avec nos nerfs, elle meurt pour mieux ressusciter quelques heures plus tard, incompréhensible! On fait voler les tournevis, pinces coupantes et autres sous les directives de Steph et en quelques heures, El Padre remplace la pompe par une nouvelle. Le plus beau jour de sa vie, la naissance de ses enfants étant relégués au second rang.



Direction Ometepe, l’île aux volcans, la paix règne ici depuis toujours (la révolution n’ayant pas traversé les eaux agitées du lago Nicaragua). La traversée du lac est déjà une aventure en soi:le pipingcar laissant son tiers arrière en dehors du bateau, angoisse et frayeurs assurées. Nous croisons  des chevaux en liberté, des charrettes tirées par des bœufs, des insulaires tout sourire nous faisant signe. L’île signera notre premier renoncement face à une piste infranchissable,notre première partie de pêche, nos premiers pas de cavaliers et la découverte du Rio Istiam en Kayak.




Retour sur la terre ferme sans frayeur cette fois-ci, direction le Volcan Masaya et ses fumeroles souffrées, visite de la ville Masaya, découverte de l’artisanat et des danses du pays.



Petite étape au Lago Apoyo, dernière soirée avec les Baleines que nous retrouvons toujours avec le même plaisir, cette fois-ci rien à réparer, juste des moments de vie partagés.


Ensuite, Granada, ville coloniale, haciendas colorées, Volcan Mombacho, lago. Splendide!! Nous assistons à diverses processions, un baptème évangéliste dans le lac et un enterrement précédé par des chevaux. Le rythme lent de cette ville avec ses relents des temps passés nous envoûtent littéralement.

Seule ombre au tableau les enfants qui mendient et les policiers peu scrupuleux aux abords des villes .



Petite halte sur la plage de Las Penitas, beaucoup de déchets mais coin vraiment tranquille, de quoi reprendre quelques forces pour la ville de Leon, grande ville coloniale et touristique, capitale des révolutionnaires sandinistes

Des musées relatant la révolution jalonnent les rues de la ville : Musée des Martyrs et Héros, Musée de la Révolution,…
Face à la cathédrale (la plus grande d’Amérique Centrale), la grande révolution et ses souvenirs ont envahi l’ancien QG de la Guardia Nacional (= armée au service du pouvoir en place).
Aujourd’hui s’étalent sur les murs des photos anciennes, des coupures de journaux, les détails sanglants de la révolution ; les guides sont d’anciens compañeros et dans leurs yeux transparaissent encore toutes les horreurs vécues, le sang déversé que ces années n’ont pas effacé.
Ils sont fiers de leur combat, en témoignent leurs cicatrices qu’ils se plaisent à nous montrer et la fierté non dissimulée à nous expliquer que le rouge de leur bandera représente le sang et le noir, la mort.
Une telle force se dégage de leurs discours qu’on aimerait partager leurs convictions peu objectives. C’est le communisme qui transpire dans chaque parole, dans chaque photo, dans cette tranchée reconstituée, dans ces armes de fortune préparées jadis dans le fond d’une arrière boutique probablement sordide. Leurs armes : des cocktails Molotov, des pierres, des grenades artisanales font face aujourd’hui sur un mur, comme 20 ans auparavant, aux armes plus sophistiquées de la Guardia Nacional : fusils AK 47, grenades « professionnelles », tanks.
Comme si on y était.





Laissant l’Histoire à Leon, nous poursuivons notre périple à Jiquilillo, un vrai dépaysement, une vue imprenable sur le Pacifique. La plage envahie par les pêcheurs, des bateaux multicolores apportent du mauve, du rose, du bleu à nos journées.
Je me surprends à décrire ma maison à un enfant d’ici et ça me plait de lui dire que ma casa est blanche, jaune et azul (bleu en espagnol), ça laisse rêveur.
Notre maison roulante est envahie par les sourires des enfants d’ici qui trouvent que tout est « bonito » chez nous et que c’est grand.
Leurs cabañas ont pratiquement la même taille que notre pipingcar et pendant que nous partageons cet espace à 4, eux le partagent à 7 ou 8 sans compter le cochon ni les poules.
Le Nicaragua fait partie des 10 pays les plus pauvres du monde, plus de 40 % de la population vivent avec moins de 1 $ par jour.
Les gens semblent pourtant heureux ici, des enfants jouent dans les rues ou plutôt sur les chemins de terre. Ils profitent d’une liberté qui nous semble totalement inconnue, dépassée.
Malgré toute cette ambiance, ce lieu magnifique, ce poisson fabuleux que nous allons chercher à même le bateau, nous nous sentons incongrus ici. Avec nos bonnes manières, notre table et nos chaises, nos agacements de citadins, notre savoir faire et non être, ce petit coin de paradis ne semble pas fait pour nous.
Nous passons des moments inoubliables : une petite fille de 10 ans nous apprend à préparer un rouget ( une première pour nous), un petit garçon montre à l’asticot le maniement du lance-pierres. Magique et instructif.
Nos petits bipèdes ont participé aux activités préparées par les volontaires du rancho pour les enfants du village ; c’est comme l’école sauf qu’ici les enfants ont entre 2 et 16 ans, un vrai capharnaüm. Ici, on apprend l’entraide, les respect des règles et consignes élémentaires ( dire « gracias » et « por favor »)

Dur de quitter la côte mais nous enchainons les découvertes et faisons un bond de 60 ans en arrière et cela, en deux heures de temps.

Une piste de 25 km, quelques kilos de poussière dans le pipingcar et nous prenons de plein fouet la quiétude del campo (de la campagne).

Ici, c'est l'huile de coude : lever à l'aurore, respirer et vivre la terre.

La communauté de Miraflor, 2000 âmes menant une vie rude, sans électricité et sans eau courante.

Les enfants sont élevés de manière "rustique", pieds nus, un T shirt sur le dos, un cheval à 4 ans et la vie commence.

Oscar, notre guide, nous fait découvrir sa campagne..

Il raconte les fleurs de son jardin, la lumière des bougies quand vient le soir, sa maman trop tôt veuve avec ses 6 enfants en bas âge, il raconte son fils qui grandit, la culture de sa communauté, son envie de voir croître son pays sans perdre son essence.

Il raconte la révolution qui a durement frappé son campo, la hargne des plus vieux pour l'acquisition de leurs terres, le bon vivre aujourd'hui grâce aux divers progrès sociaux (la gratuité de l'école,du matériel scolaire et des soins de santé).

Il fait de nous des cavaliers et de nos niñosdes futurs cow boys.




Nous trottons à travers de mutliples paysages , forêt tropicale humide avec ses figuiers étrangleurs, champs aux multiples couleurs, forêt lugubre aux arbres envahies de broméliacés, cascade.




Nous nous attelons à la traite des vaches au petit matin, une découverte totale.



Loin de connaître tous les secrets del campo, nous reprenons la route amassant un peu plus de poussière, frottons ici ou là l'arrière train de notre pipingcar dans les ornières et prenons le nord comme visée.
Nous nous dirigeons vers la le Honduras quand nous nous faisons littéralement kidnapper par une famille vivant aux portes du canyon de Somoto.
Le pipingcar échoue dans le jardin et est envahi par la familia dans sa totalité.
Durant une journée et une nuit, nous vivons au rythme de cette famille formidable.
Nous faisons connaissance avec tous les enfants ( entre 19 et 35 ans) de la maison .
Après Henry, Nora, Raquel, Zulema,Yony, Maudiel,Olvin, Roybin, Elmer, Carmen,nous croisons Reyes et Maria, les chefs de cette petite tribu.


Quand y en n'a plus, y en a encore: les voisins, les belles familles et le petit dernier de la lignée , Yovany ( 3 ans)
Impossible de rester une minute seuls, ici!!!!
La famille Soriano Rivas vit pratiquement en autharcie. Ils mangent ce qu'ils produisent. Les femmes dirigent la cuisine : fabrication de fromages (très bons),cuisson lente au feu de bois du riz, des pommes de terre, des camotes, confection de tortillas. Leur incombe également les allers et venues au puits , 50 mètres plus loin, armées d'un seau qu'elles transportent sur la tête ( il n'y a pas d'eau courante).
Les hommes se partagent les tâches plus ardues : la traite des vaches, la culture dans les champs , les visites du canyon; certains travaillent à la ville.
Tout ce petit monde fourmille, rit, semble ne jamais vouloir quitter la sûreté familiale.
J'apprends à cuisiner, on m'initie à l'art de la tortilla , la confection du fromage et aux vertus cachées des frijoles.
Zulema et Raquel me font faire le tour du propriétaire . Quatre chambres pour loger tout ce petit monde !!
Je m'étonne de la répartition, la maman semble partager son lit avec ses deux filles ( 23 et 27 ans) et le pendant que le lit d'à côté accueille le papa et son petit-fils.
L'asticot s'étonne de voir sortir des poussins des armoires pendant que la croquette joue au ballon et lance des pierres.
El PAdre joue les orateurs et fascine son auditoire par notre vie d'Européens et puis, comme à son habitude, dérive sur le foot
J'apprends qu'ici une extraction dentaire coûte 6 $, qu'un soin en coûte 10 et que le fils aîné qui travaille en ville gagne 3 $ par jour.
Les temps sont durs mais l'accueil, l'hospitalité, la joie qui règne ici donnent envie de faire quelques hermanos (frères) à nos niños.
Le lendemain, nous troquons notre casquette de parents baudets avec un âne, un vrai!!!
Direction le Canyon de Somoto, ce joyau de la terre connu du grand public depuis peu (environ 7 années) nous en met plein les yeux.





De majestueuses falaises ornées d'orchidées, des cactus tels des chandeliers sur les versants. De piscine naturelle en piscine naturelle, nous marchons, nous voguons (en barque) et pneumatisons (en bouée), là où le soleil ne peut s'inviter.
Dur d'annoncer notre départ, ils sont à deux doigts de nous donner les clés (s'il y en a) de leur maison , nous sommes priés de rester un jour, deux jours, un mois, deux mois,...toujours.
Il ne va pas falloir rater notre départ. Je m'occupe de divertir la famille pendant qu'El PAdre harnache les enfants et s'installe au volant , prêt à démarrer.
Trente minutes plus tard (c'est que ça prend du temps d'embrasser une vingtaine de personnes), nous sommes fin prêts .

Adios Nicaragua, suerte para todos y muchas gracias por la hospitalidad.